Autisme Centre-du-Québec

15 septembre 2014

Un message clair adressé à la Commission scolaire des Chênes

La FQA et plus de 1 840 personnes se joignent à Autisme Centre-du-Québec pour dénoncer la pratique à l’école Duvernay

Mardi le 9 septembre 2014, Madame Genesie Chouinard en collaboration avec Madame Jacinthe Beaudin, déposait une pétition demandant la cessation complète de la pratique mise en place sur l’heure du dîner à l’école Duvernay. Touchée par le fait que les élèves de classe régulière étaient envoyés en « réflexion » sur l’heure du midi dans le local des élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA), Mme Chouinard rassembla dans sa démarche la voix de plus de 1 840 personnes s’opposant à cette pratique contrevenant de plusieurs façons au programme de formation de l’école québécoise. De plus, « la Fédération québécoise de l’autisme (FQA) joint sa voix aux milliers de parents, amis, intervenants qui condamnent cette pratique. Non seulement celle-ci va-t-elle à l’encontre des droits et des libertés des personnes autistes, mais elle prône des valeurs d’intolérance à la différence auprès de l’ensemble des élèves. Le milieu scolaire est un endroit d’apprentissage qui doit préparer l’élève à prendre sa place dans une société inclusive. On doit y apprendre à respecter les différences, à être solidaire et à démontrer de l’ouverture. La pratique disciplinaire de la Commission scolaire des Chênes ne peut que contribuer à exclure les personnes autistes de cette même société» commente madame Jo-Ann Lauzon, directrice de la FQA.

En juin dernier, Autisme Centre-du-Québec, organisme communautaire d’aide, d’entraide et de défense de droit pour les personnes autistes, osa dénoncer publiquement cette pratique hasardeuse encensée par la Commission scolaire des Chênes et mise en place à l’école Duvernay et St-Joseph. « Aujourd’hui, plusieurs voix viennent soutenir et appuyer nos démarches et revendications. Nous ne sommes plus les seuls à dire à la CSDC que cette pratique est irrespectueuse, stigmatisante et rétrograde à l’égard des élèves ayant un TSA » souligne Marie-Ève Lavoie, coordonnatrice d’Autisme Centre-du-Québec. « Nous saluons cette initiative issue d’une démarche citoyenne visant à déposer une pétition auprès de la CSDC, de la Fédération québécoise de l’autisme, de monsieur Yves Bolduc, ministre de l’éducation et de monsieur Philippe Couillard, premier ministre du Québec.» ajoute cette dernière.

Bien que le 21 août dernier, la CSDC émettait un communiqué mentionnant l’interruption de la mise en application de ladite mesure. Afin de prendre une décision éclairée quant à l’abolition ou au maintien de cette pratique la Commission scolaire des Chênes considère qu’il est opportun de faire appel à l’expertise d’une ressource externe pour analyser la pratique. Pour cette raison, elle a fait appel à Nathalie Poirier, psychologue, professeure et chercheuse au département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal. « Nous souhaitons [obtenir de la part de madame Poirier] un avis éclairé qui nous permettra, le cas échéant, d’établir des balises claires en lien avec notre pratique. Madame Poirier pourra rencontrer toutes les personnes ou intervenants qu’elle jugera utiles à la réalisation de son mandat. C’est un geste que nous posons en toute bonne foi et transparence, » de dire la présidente de la Commission scolaire des Chênes, Mme Jeanne-Mance Paul.

Malgré tout cela, Autisme Centre-du-Québec demeure alerte et critique. «La pratique est peut être suspendue par la CSDC mais cela ne veut pas dire qu’elle ne sera plus jamais considérée comme une option possible pour le personnel des écoles concernées. Une suspension n’est pas une abolition.» nuance Marie-Ève Lavoie. L’objectif de l’organisme demeure le même depuis le début des discussions avec la CSDC : que la pratique cesse complètement.

Selon madame Lavoie, il ne faut pas se leurrer quant à la recherche qui est actuellement en cours: le mandat confié par la CSDC à Madame Nathalie Poirier ne cible pas directement l’analyse de la pratique critiquée mais est beaucoup plus large. « J’ai été rencontrée à titre de représentante d’Autisme Centre-du-Québec dans le cadre de la recherche de Mme Poirier. » confie Mme Lavoie. Cette dernière fut étonnée de constater que le but de la recherche vise en réalité à explorer la perception des services qui pourraient ou devraient être offerts aux élèves présentant un trouble du spectre de l’autisme fréquentant une classe spécialisée en école ordinaire. La recherche portera donc sur des perceptions quant a l’amélioration des services aux élèves ayant un TSA et non pas sur des faits et retombées quantifiables rattachés directement à la pratique sur l’heure du dîner.  « Nous conservons quelques réserves face à cette recherche. Bien que ce soit une ressource externe qui effectue l’analyse, la Commission scolaire des Chênes sera la seule instance à recevoir le rapport qui en découlera. Nous espérons que la CSDC ne rejettera pas certains éléments de la recherche en affirmant que, selon eux, ces perceptions ne sont pas fondées ou justes. Pour éviter qu’une telle situation litigieuse se produise et rende vide de sens la recherche financée à partir de fonds publics, Autisme Centre-du-Québec demande à la CSDC de maintenir « leur bonne foi et leur transparence » en rendant le rapport de recherche public et accessible.

« Nous espérons que ce dossier se règlera rapidement car il n’est que la pointe de l’iceberg. D’autres faits accablants et plus inquiétants encore pour les personnes autistes fréquentant la CSDC sont actuellement en investigation» annonce Marie-Ève Lavoie. Elle ajoute que le nouveau souhait formulé par Autisme Centre-du-Québec serait que la CSDC soit une des commissions scolaires ciblée par l’enquête de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse portant sur l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap.

Malgré les réserves de l’organisme quant à l’interprétation des données que la CSDC fera suite à la parution de la recherche, le dossier chemine. La pétition déposée cette semaine rappelle que la situation préoccupe non seulement les parents d’enfants ayant des besoins particuliers mais également plusieurs citoyens. Reste à voir comment le ministre de l’éducation, Monsieur Yves Bolduc réagira et interviendra suite au dépôt de cette pétition.

Retour aux nouvelles